J'aime pas les légumes !


"Les repas sont compliqués ! Mon enfant ne veut pas manger de légumes ! Il ne veut même goûter !"

Voilà, parfois, ce que j'entends à la fin des ateliers que j'anime auprès des mairies ou dans les écoles. 

Mais oui ! Comment faire aimer aux enfants ce qui est bon pour leur santé ?

Ici pas de solutions miracles, je vous partage simplement mon expérience. Car, chaque enfant est unique et nécessite un accompagnement personnalisé auprès d'un professionnel de santé, sensibilisé au problème. 

SELECTIVITE & NEOPHOBIE ALIMENTAIRE : QUELQUES EXPLICATIONS

Il est parfois amusant d'observer son enfant lors d'un repas : il joue avec la nourriture, regarde longtemps les aliments, les touche, mais ne les mange pas. 

Il a aussi cette force en lui de pouvoir aimer l'aliment lorsqu'il est cuisiné dans une recette (ex : tomates dans le chakchouka) mais ne pas l'apprécier lorsque ce même aliment est offert seul (tomates proposées en entrée). Il peut même arriver, parfois, que l'enfant refuse de manger car cela ne "l'intéresse" pas.

Cela peut donner lieu à 2 comportements alimentaires : la sélectivité et la néophobie alimentaire. 

La sélectivité alimentaire se manifesterait principalement par une réticence sévère à manger certains aliments familiers ou non familiers. Cette réticence peut être due au type d’aliments (ex. les légumes), à leur texture, à leur apparence ou même à leur température. Les enfants sélectifs consomment une très petite variété d’aliments (ex. un enfant pourrait rejeter les légumes et l’aliment protéiné du repas, pour ne manger que des féculents).

degout alimentaire

Dégoût / Vice-Versa 

A noter que la sélectivité n’est pas stable tout au long de la vie : c’est une émotion négative transitoire.

Quant à la néophobie, il s’agit de la peur de manger de nouveaux aliments. Ce phénomène est très fréquent chez les enfants de 2 à 10 ans. Les enfants concernés refusent un aliment avant même de l’avoir goûté, font le tri des aliments de leur assiette, recrachent certains d’entre eux et peuvent même les vomir. Un enfant néophobe ressent du stress à l’heure des repas, et la situation est parfois difficile à constater pour les parents. L’anxiété de l’enfant se manifeste souvent par des pleurs, des cris, une irritabilité ou un découragement, une agitation et même un comportement d’opposition.

VERS UNE AVENTURE SENSORIELLE ...

1/ Qu'est-ce-que le goût ?

La combinaison des signaux gustatifs, olfactifs et tactiles forment le goût. Mais ce n’est pas tout, dans la bouche, le toucher joue aussi un rôle important (chaud, froid, mou, dur, onctueux, etc..) et participe à l’expérience du goût. La cavité buccale jouit d’une extrême sensibilité : bonbon qui pétille, huître fraiche, barbe à papa, autant de sensations tactiles qui contribuent au goût. L’audition intervient aussi dans la perception du goût. (Exemple d’une chips).

Faire goûter un enfant, c’est lui permettre de vivre une expérience où tous nos sens sont mis à contribution.

2/ Le goût, inné ou acquis ?

  • Nous ne sommes pas tous égaux face au goût : le palais d’un nourrisson est programmé pour prendre l’une des décisions les plus importantes de sa vie : manger quelque chose ou le rejeter. Au cours de sa première année de vie, pendant laquelle, l’enfant triple son poids, ses sens sont pré-cablés pour détecter et préférer les aliments très nutritifs, riches en calories et minéraux, soient les aliments au goût sucré, salé et riches en gras. A savoir aussi qu’'il a une aversion pour le goût amer (les légumes).
  • Les informations perçues par nos sens (visuelles, tactiles, olfactives, sonores et gustatives) sont transmises en quelques millièmes de secondes à notre cerveau. Se dessine une carte cérébrale du goût qui passe par le thalamus (ai-je envie de goûter ?) par le cortex gustatif (où se forme la perception des saveurs), puis passe par le système limbique (centre des émotions et du plaisir), par l’hypothalamus (régulateur en chef de la satiété) puis enfin par l’hippocampe (garde en mémoire les expériences). Malgré tout, cette carte cérébrale se modifie en fonction de nos expériences : nous pouvons de pas aimer, petit, le chou-fleur et savoir l’apprécier adulte. 

C'est ainsi que rien n'est jamais acquis. A tout âge, il est encore possible de développer son expérience sensorielle et découvrir, avec plaisir, de nouveaux aliments.

STRATEGIES POUR DEVELOPPER LA CURIOSITE ALIMENTAIRE DE VOTRE ENFANT

1/ Faire connaissance !

Les enfants d’aujourd’hui n’ont jamais été autant « déconnectés » de l’alimentation : la plupart d’entre nous ne cultivons pas nos fruits et légumes et ne produisons pas nos denrées alimentaires. Nous cuisinons de moins en moins, emmenons nos enfants au marché très rarement. Et pourtant, nous demandons à nos enfants d’ingurgiter sans autre forme d’explication cette nourriture « tombée du ciel ». Le Centre de recherche de l’institut Paul Bocuse a mis en évidence que « plus les enfants connaissent les légumes plus ils acceptent d’en manger. » (L’inverse est aussi vrai).

Prérequis essentiel pour espérer un jour que l’enfant apprécie l’aliment et contrer néophobie et sélectivité alimentaire : présenter fruits et légumes à nos enfants de façon progressive, en fonction de l’âge et des capacités des enfants. En premier lieu, il faut apprendre l’enfant à reconnaître l’aliment, puis à le nommer et enfin le goûter ! L’exposition répétée à un fruit et à un légume dans la cuisine va avoir un impact positif sur le recul de la néophobie alimentaire.

2/ « Mange ce légume, c’est bon pour ta santé »

Nous présentons toujours les fruits et légumes comme « bon pour la santé », pourquoi ne pas les présenter comme tout simplement succulents ?

Et pour que l'aliment donne envie, essayez : 

  1. Une préparation simple ou classique : l’aliment est reconnu, identifié, familier. Il est temps de la goûter sous une forme reconnue par l’enfant : une tomate en rondelles par exemple. Pas besoin de combiner avec d’autres aliments ou une sauce très présente, les goûts doivent être francs.

  2. Introduire un nouvel aliment à la suite ou aux côtés d’un aliment déjà connu. Ce conditionnement s’appelle le « Flavor Flavor Learning" ou l'apprentissage du saveur-saveur.

  3. Mettez des paillettes dans les yeux de votre enfant. Un intitulé appétissant tel : « la recette secrète de Maman testé et approuvé !» peut jouer sur la modification d'un comportement alimentaire. 

  4. La « facilitation sociale » ou même la « socialisation alimentaire » permet à l'enfant aussi d'évoluer dans son comportement.  S'il se trouve entouré d'autres enfants, lors d'un repas ou lors d'un atelier convivial et chaleureux, cela facilitera la prise de nouveaux aliments. Mais si l’enfant ne souhaite pas goûter, pas de stratégies contre-productives type chantage ! Cela renforce la néophobie de l’enfant.

  5. Des expositions répétées : selon les chercheurs, pour les enfants entre 2 et 6 ans, il faudrait présenter l’aliment entre 8 et 15 fois avant acceptation. La familiarité serait un antidote contre la néophobie.

3/ L'art de manger

Pour que le repas ne soit plus une contrainte, mais devienne, peu à peu un plaisir, invitez votre enfant à votre table, faîtes le participer au repas.

  • Pas besoin d'assiette "super héros", rien qui ne le détourne de l' objectif !
  • Séparer les aliments dans l’assiette, mettre une couleur différente par aliment.
  • Jouer sur « l’illusion de Delboeuf » : une grande assiette sera plus accessible qu’une petite assiette comportant la même quantité d’aliments mais qui paraitra une montagne.
  • Choisir des couverts adaptés à la taille des mains des enfants et performants !
  • Séparer les sauces des légumes. (Les placer dans un ramequin transparent)

Il n'y a pas de vérité absolue sur les troubles alimentaires de l'enfant et la manière d'y remédier. 

Chaque enfant est unique. C'est pourquoi je vous accompagne, avec votre enfant, en cabinet à Montreuil-sur mer ou bien lors d'ateliers, petit à petit, à redonner l'envie de goûter, toucher, sentir et ressentir. 

Car l’apprentissage de l'éveil des papilles est tout aussi noble que l’apprentissage du langage (les premières expériences alimentaires accompagneront nos enfants toute sa vie et porteront, comme le disait Proust "l’édifice immense de ses souvenirs").

 

Gardons à l'esprit que l’alimentation et nos fonctions cognitives sont interdépendantes : négliger l’un, c’est négliger l’autre.

 

Sources : 

https://cuisinonsenfamille.ca/fr 

« La fin faim des haricots, ce que vos enfants ont vraiment besoin de manger et comment leur faire apprécier. » d’Audrey Zucchi et Dr Jérémie Lafraire Marabout 2021, 272 pages.

Le naturopathe n’est pas un médecin, mais un praticien de santé et sa consultation ne dispense pas celle d’un docteur en médecine. Je ne pose pas de diagnostic, ne traite pas les maladies, ne prescrit pas de médicaments et ne modifie jamais le traitement de votre médecin.


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